Randonnée sur l’Allier:  de Billy à Moulins,  3 jours, du 23 au 25 mai 2015

Participants : Nicolas, Sébastien, Max, Fred, Maryvonne, Laurence, François.

Une belle rando à 2h30 de Lyon. 50 km faciles dans une nature préservée. La mise à l’eau se fait à Billy, juste en amont du pont et en aval d’un petit seuil qui permet de jouer sur une vague modeste mais qui s’avèrera la plus grosse du parcours. Ensuite c’est parti pour une quinzaine de km qui nous mènent en aval de Varennes sur Allier, à l’orée de la réserve naturelle du Val d’Allier. Google Earth est bien notre ami car le lieu repéré la veille grâce au fournisseur attitré de la NSA est fort propice au bivouac. Quelque inquiétude toutefois au bruit des motocross, mais l’heure de l’apéritif est un impératif pour ces autres amis de la nature qui nous rendent rapidement le silence et le chant des oiseaux. Nous décidons de suivre l’exemple de ces invisibles mais bruyants habitués de nos campagnes ( les motocrosseurs, pas les oiseaux), et enchaînons sans temps mort sur
l’apéro. La suite est classique : ” Un bivouac sans histoire est un bivouac heureux ” (Georges Pompidou). Pas d’animaux visibles hormis les oiseaux, mais des traces de castor, sanglier, dinosaure.

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Le lendemain, ah le lendemain ! A pied d’oeuvre dès l’aube comme à notre habitude, mais dans un souci de respect de la réglementation la mise à l’eau ne se fera qu’à 10h (de mauvaise langues prétendent que nous aurions été bien incapables d’être prêts avant mais c’est une vision des choses oublieuse de l’etat d’esprit positif qui doit régner en toute circonstance dans un groupe de randonneurs aguerris). Après un petit quart d’heure de navigation, nous passons sous le pont de chemin de fer de l’ile de St Loup qui matérialise l’entrée dans la réserve naturelle. Réglementation usuelle dans une réserve : pas de bivouac, pas de feu etc … Nous aurons l’occasion de constater
un peu plus tard dans la journée que les gardes ne font pas le pont et sont bien présents
au bord de la rivière. Le courant, sans être très fort n’est pas négligeable, et renforce la confiance en notre condition physique tant les kilomètres s’enchaînent avec une facilité qui n’appartient
qu’aux pagayeurs surentraînés que nous sommes. Les buffles s’abreuvent à la rivière, et les silhouettes des éléphants apparaissent furtivement entre les frondaisons, tandis que les hurlements des singes emplissent l’air vibrant de chaleur….? Oh mince je me trompe de fleuve, depuis que l’on m’a dit que l’Allier ressemble au Niger je ne contrôle plus mon imagination. Bon, on à quand même vu un chevreuil s’abreuver puis traverser le cours d’eau à la nage, cinq marcassins en file indienne, un ragondin pas farouche du tout, et un énorme silure (là c’est pas du flan, sans être le monstre du Loch Ness un poisson d’un mètre vingt c’est une belle bête), le pauvre venait de se faire attraper par un pêcheur naviguant dans un bateau munis de jambes, (on me dit que ce sont les jambes du pêcheur, mais je suis sur d’avoir bien vu, d’ailleurs la chanson est formelle sur ce point). N’oublions pas les innombrables oiseaux : sterne naine, bernaches du Canada (une vingtaine d’un coup, magnifique), euh…plein d’autres, Nicolas aide moi !

La pause de midi nous réconforte après l’engagement physique intense de la matinée. En
vue d’améliorer si possible encore leur performance pour l’après-midi, certains décident de
se préparer scientifiquement par une sieste postprandiale dans les règles, pendant Sébastien travaille son coup de pagaie avec un matériel spécifique disponible uniquement dans les pôles d’entraînement de haut niveau, à savoir le morceau de bois. Attention, il ne s’agit pas de la pagaie groenlandaise, mais bien d’un morceau de bois , la branche, le bâton quoi. Très bon exercice pour augmenter sa cadence de pagayage. Nous ne sommes pas tout à fait les seuls bipèdes sur la rivière ; hormis le bateau du pécheur rencontré plus haut nous verrons un groupe d’Allemands en canoë, dont la moyenne d’âge doit représenter le tiers de la nôtre. Et puis une embarcation décalée
dans le contexte, une sorte de zodiac propulsé en mode raft par deux pagayeurs qui s’échinent à lutter contre le vent de face, qui fut assez fort durant tout le trajet, dans un engin au fardage (prise au vent) phénoménal. Il vont jusqu’à Moulins, heureusement pour eux que le courant fait le travail !

Pour le bivouac du soir il faut gérer finement entre la sortie de la réserve et l’agglomération de Moulins car nous préférons éviter le camping. Finalement un site de rêve est découvert en rive droite, qui évoque conjointement les plages de sable blanc des îles du Pacifique et les fonds d’estuaires vaseux de Bretagne nord chers à votre serviteur. L’inévitable motocross nous accompagne un bref instant de ses vrombissements avant de passer le relais aux moustiques. Ces derniers se consacreront essentiellement à Nicolas qui dort à la belle étoile.

Après une nuit réparatrice, c’est avec concentration et motivation que nous nous engageons dans l’ambitieuse et ultime étape de cet aventureux périple : 2,2 km à parcourir pour atteindre le point de débarquement à Moulins. Bientôt apparaît la haute silhouette de la cathédrale avec ses deux flèches élancées….. ah, il y a 4 flèches ? Donc deux cathédrales ? Plus encore un ou deux autres clochers individualistes, Moulins est décidément une ville bien pieuse. Le panorama est du coup bien joli, avec en plus de jolies bâtisses sur les berges, dommage qu’un vilain et unique immeuble de 10 étages datant des années 50 défigure un peu l’ensemble. L’opinion des moulinais, moulinsois où moulinsardais à propos de cet édifice doit rejoindre la nôtre car il n’ont pas recommencé. Le débarquement se fait en rive gauche en amont du pont routier (accompagné d’un seuil souvent infranchissable). Le parking des campings car est attenant, Fred prend immédiatement en otage un pauvre couple de campingcaristes qui n’avaient rien demandé et les force à emmener Max et Sébastien chercher les voitures à Billy. La navette est donc rondement menée par nos deux conducteurs pendant que le reste du groupe refait le match à la buvette. Quelques gouttes de pluie nous donneront l’occasion de monter le tarp pour le repas, histoire de vérifier son état et sa complétude (test semi concluant). Retour facile sauf l’arrivée sur Lyon avec quelques bouchons.
Cette randonnée dans une très belle nature est tout à fait adaptée pour des débutants, avec des niveaux d’eau normaux. Il y a deux ans nous avions parcouru le secteur en aval de Moulins, enchaîner les deux est tout à fait possible par exemple sur 4 jours en ramant plus activement. C’est une rando que l’on peut refaire car la rivière change beaucoup de physionomie en fonction des niveaux d’eau, et on profite de longs moments d’immersion en pleine nature sur une des dernières rivières sauvages d’Europe. Et c’est pas loin de chez nous, alors pourquoi se priver ?

(Compte rendu:  François)

Quelques photos sur le lien en dessous

https://www.flickr.com/photos/clubckdm/sets/72157653523845262