Dates : du 11 au 20 juillet 2015
Participants : François, Laurence, Jacques, Stéphane, Nicolas G. et Sébastien.
Après un stage “pagaie verte mer” en Méditerranée à l’automne, un court séjour dans les calanques en février pour pagayeurs à l’aise en conditions hivernales, un stage ouvert aux débutants à Agay en mai, et avant un séjour en Corse à la Toussaint 2015, le séjour mer estival était cette année en Bretagne Nord, dans la continuité du séjour 2014. Six kayakistes se sont engagés sur un parcours de Saint-Pol-de-Léon (Finistère) à Paimpol (Côtes-d’Armor) avec pour objectif la découverte de lieux remarquables comme la côte de granite rose, le sillon de Talbert, les Sept-îles, l’île de Bréhat, etc.
Retrouvez les photos du séjour ici
A suivre, le récit jour par jour :
J-N …
François et Laurence préparent la navigation, compilent les cartes, notent les heures de marée, cherchent des possibilités de bivouac en vérifiant avec les photos satellite l’accessibilité … etc.
Jour -2 : Mercredi, le chargement
Le mercredi, courte séance afin de tester le matériel, dont les bateaux. Satanig, nouveau bateau bois de François, navigue pour la deuxième fois seulement, à peine terminé. Zébulon (le Qanik de Sébastien) présente encore quelques voies d’eau à colmater … ou pas ! Ensuite, nous sortons le camion, la remorque, chargeons bateaux et matériel, Laurence plastifie quelques cartes …
Jour J-1: Jeudi, fin des préparatifs
Second tour de plastification de carte par Laurence, chacun finit de préparer son matériel de son côté, et à part Stéphane, le groupe se retrouve chez François et Laurence en fin de journée afin d’être prêt à partir au petit matin. Fin de préparation du matériel, dernières réparations pendant la nuit sur (dans) Zébulon comme entre deux étapes du Paris-Dakar: de nombreux tours de clé, du découpage à la scie à métaux, quelques perçages, du silicone, …
Jour 0: Vendredi … de Lyon à Saint-Pol de Léon … en camion !
Stéphane rejoint le groupe pour le petit déjeuner avec les croissants. On partage un café et départ pour le Grand Ouest à 7h30 ! Tout le monde est K.O., on sent que les vacances arrivent au bon moment. Après quelques relais de chauffeurs sur la route et un pique-nique au soleil, nous arrivons à Saint-Pol de Léon à 19h30, un peu sonnés par les heures passées sur la route. On profite du confort de la grande maison familiale de François à Saint-Pol pour une nuit dans sur des vrais lits.
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Jour 1: Samedi, embarquement ! Quai de Pempoul (Saint-Pol-de-Léon) -> Beg an Fry
La marée n’attend pas … mais elle force parfois à attendre ! La mer est basse le matin, nous en profitons pour aller chercher la commande de produits frais passée la veille depuis Lyon, et complétons au passage en produits de première nécessité pour le kit de survie indispensable au-delà de 2 milles nautiques (MN) : crêpes, kouign aman, beurre, coreff … (cf. annexe « Armement complémentaire pour la navigation en Bretagne Nord » de la nouvelle réglementation dite « division D240 » ). Nous chargeons les kayaks dans le jardin de la maison, et après un pique-nique sur l’herbe, nous avançons les kayaks avec les chariots pour embarquer vers 13h30 à marée haute depuis la cale de Pempoul (à Saint-Pol-de-Léon) vers … Paimpol une semaine plus tard.
Journée ensoleillée, faible vent, idéal pour entamer une rando. Cap sur la pointe de Primel en passant pas le nord de l’île Callot. Petites catastrophes que l’on mettra sur le compte d’un temps d’adaptation à de nouveaux navires … Pour François (Satanig) : ouverture de jolie trappe non prévue + pont bas = duvet trempé, scène de recherche de go-pro dans l’eau, nouvelle batterie HS avant d’avoir servi. Pour Sébastien (Zébulon) : Pont bas + trou d’hiloire XS + vaguelettes = rembarquement à la limite de la dyspraxie ! Ça commence bien !
Premier Bivouac à Beg an Fry. Dîner sur une vaste plage au coucher de soleil. Bivouac à la belle étoile à même les rochers pour Sébastien et Nicolas (qui apercevra un renard passer sur la roche au cours de la nuit), à l’abri de la végétation sur le GR pour les autres.
Jour 2: Dimanche, Beg an Fry -> camping de Landrellec
Magnifique spectacle pour le premier réveil en pleine nature. Petit déjeuner grandiose sur la plage. L’attente de la remontée de la marée nous offre le prétexte d’un long petit déjeuner et d’une lente préparation.
Embarquement pour Landrellec. Au passage à Loquirec nous apercevons un ballet de Fous de Bassan en pleine scène de pêche kamikaze accompagnés de Puffins des Anglais volant en rase motte au-dessus d’un banc de poissons. A quelques mètres des oiseaux, le spectacle est fascinant ! Nous repartons, passons l’entrée de la rivière de Lannion avec déferlantes créées par la houle, contrastant plus loin avec le passage par Trébeurden et son calme. Passage sous le pont de l’Ile Grande en attendant la marée … dont nous constatons la renverse en direct sans pouvoir éviter le portage pour contourner l’île, la faute à un coefficient de marée un peu trop petit ! Arrivée au Camping du Port à Landrellec où nous resterons 2 nuits.
Jour 3: Lundi, Navigation à la journée au départ de Landrellec
Le matin nous faisons une grasse matinée, suivie d’une balade à pied et un petit luxe : l’achat d’huîtres et de coquillages pour le soir (praires, vernis, amandes et palourdes).
L’après-midi: navigation kayaks vides (sauf Zébulon, dont le caisson arrière est rempli de bouteilles vides pour limiter les entrées d’eau par le puits de dérive !). Petite houle de 1m50 plutôt de face. Selon les avis plus ou moins objectifs et les définition sémantiques de chacun les bateaux tapent, tapotent ou tapouillent. Au passage entre l’Ile Grande et Aganton, un effet de relief combiné à la marée montante et la houle donne naissance à une zone de vagues stationnaires où nous passons un bon moment à surfer devant un public curieux. Puis nous repérons plus loin une vague à surf, l’occasion pour Stéphane de vérifier que l’esquimautage passe bien en toute circonstance et pour François de vérifier que Satanig est bien conçu pour le surf ! Retour par le pont de l’Ile Grande où la marée permet cette fois de passer sans porter.
Apéro et repas sous la pluie arrivée en même temps que nous à Landrellec. Dégustation des huîtres et coquillages après un atelier « ouverture à l’opinel » sous abri.
Jour 4: Mardi, Landrellec -> Ploumanac’h par les Sept-Iles
Au petit matin on recharge les bateaux après démontage du campement et répartition des vivres, puis départ du camping de Landrellec. La météo est favorable pour envisager une traversée vers les Sept-Iles.
Arrêt à Trégastel dans un paysage de roches étonnant, dont le remarquable « Dé ». Nous attendons la renverse et traversons au moment de l’étale de basse mer. Un peu avant la renverse, nous entamons la traversée avec une houle d’un bon mètre à contre courant. Sympathique traversée en bac un peu sportive où nous apprécions l’intérêt de s’entraîner toute l’année pour maîtriser nos embarcations ! Nous vérifions au passage que ce n’est pas parce que l’on passe une heure à surfer que l’on fait beaucoup de milles ! Arrivée à l’Ile aux Moines, puis nous débarquons sur l’estran de l’Ile Bono pour un pique-nique suivi d’une petite sieste au soleil.
A l’embarquement, un Macareux Moine au bec coloré orné de sardines pêche sans avoir l’air gêné par notre passage. Nous ne pouvons pas résister à l’appel d’une jolie vague à surf devant l’Ile au Moine en attendant que la marée nous permette de débarquer pour marcher vers le phare. Finalement, l’afflux ininterrompu de vedettes à touristes nous décide à ne pas débarquer mais à faire le tour de Bono. Sur toute la partie nord, nous pouvons observer des dizaines de couples de Macareux Moine voler au ras de l’eau et leurs terriers typiques en haut de l’île. Un phoque nage entre Stéphane, Nicolas et Sébastien, comme un septième compagnon de balade, pendant la moitié du tour de l’île. Nous attendons quelques minutes que la mer monte encore un peu pour nous ouvrir le passage entre l’Ile aux Moines et Bono. Nous entamons ensuite le bac retour vers Men Ruz, le phare de Ploumanac’h. La côte étant très fréquentée nous attendons le soir pour une balade parmi le chaos des fameuses roches de granite rose de Ploumanac’h.
Bivouac sur l’estran … ou sous un bloc de granite pour Jacques et Sébastien.
Jour 5: Mercredi, Ploumanac’h -> Plougrescant
Réveil pliage des tentes au lever du jour. Départ en longeant la côte. Arrêt à la plage de Trestraou à Perros-Guirrec pour quelques courses permettant à Stéphane de se rendre chez un dealer de Kouign-Aman pour sa dose de gâteau de sucre et de beurre. Bac dans le chenal de Perros-Guirrec, petit arrêt à Trévous-Tréguinec, pique-nique à Port-Blanc sur l’estran, puis balade dans les îles de Port-Blanc en se laissant porter par la marée. On débarque sur le sillon de galets de l’Ile Zellec. Passage au sud de l’Ile Balanec puis pointe du Château et Roches de Plougrescant.
Camping à la pointe de Tourot avec cale de mise à l’eau et club de kayak. Nous aurons pour voisins au camping un sympathique couple d’allemands passionnés de kayaks de mer et de randonnée, avec qui nous avons discuté autour du livre de G. Lecointre et V. Olivier en version anglaise. Pour le dîner, la dégustation du confit de canard en conserve a permis d’alléger les bateaux à défaut des kayakistes !
Jour 6 : jeudi, Plougrescant -> Bréhat par le sillon de Talbert
Traversée du chenal de Tréguier puis remontée le long du sillon de Talbert en direction du Passage de la Gaine, passage au plus près des cailloux … voire un peu trop !
Pique-nique sur le sillon de Talbert à proximité de la zone de nidification des sternes naines et gravelots. Stéphane se lance dans le montage d’un cairn qui finira en inukshuk et que l’on baptisera « Albert le gardien du sillon ». Bon, on sait que ce n’est pas bien, on ne le refera plus, c’est promis. Après une petite sieste sur les galets, on rejoint les bateaux en profitant de l’étale pour pêcher quelques crabes, de quoi agrémenter l’apéro du soir.
Départ 1h après la basse mer. On contourne le sillon au milieu des cailloux puis on retrouve les balises d’arrivée sur Bréhat. On vise le nord de l’île Modec puis on fait un bac dans le courant en direction du sémaphore de Bréhat en alignement avec la tourelle du Rosedo. Ensuite on part en direction de la Corderie avec un petit arrêt. Puis on embouque le Kerpont et on atteint le port pour un arrêt express glaces et gâteau de crêpes au caramel au beurre salé (oui, on peut mettre tout ça dans un gâteau !). Pourquoi express ? Parce que la marée remonte ! Au rembarquement on sympathise sur la cale avec un kayakiste manifestement expérimenté qui nous indique un bivouac secret, celui repéré étant déjà occupé. On comprendra plus tard qu’il s’agit d’un des passionnés oeuvrant depuis longtemps pour la promotion de la pagaie traditionnelle et l’esquimautage groenlandais en Bretagne. Nous nous rendons sur l’île indiquée où nous trouvons le bivouac effectivement discret et bien entretenu.
Petit apéro amélioré pour le malheur des crabes pêchés au sillon de Talbert. Le point culminant de l’île offre un panorama enchanteur au coucher de soleil. Nous passons une nuit agréable dans une clairière à l’abri des fougères, les rats se contentant de courir le marathon sans fouiller nos réserves de nourriture.
Jour 6: Vendredi, autour de Bréhat
Au petit matin, après un petit déjeuner indispensable pour la lente phase de réveil du commandant, nous embarquons à l’étale de pleine mer. Départ du bivouac 4 étoiles à 9h. Le temps est calme, on en profite pour faire le tour de Bréhat par l’Est. Arrêt au bourg pour acheter les kouign aman rituels et les vivres manquants. On achète même des légumes bio de l’île. Puis on repart pour continuer le tour. On essaye de passer entre Bréhat et Morbic … raté ! La marée est trop basse ! Nous faisons le tour de Morbic, nous y retrouvons le kayakiste rencontré la veille à Bréhat, cette fois en compagnie de jeunes kayakistes en kayaks groenlandais et pagaies traditionnelles. Forte veine de courant avant le phare du Paon (qui peut atteindre 7-8 noeuds). Nicolas et Jacques aperçoivent un phoque. Nous finissons le tour par un arrêt à la Corderie et traversons le Ferlas à contre-courant avec évidemment le passage d’une des navettes faisant le tour de l’île … Que fait-on ? On passe avant ou après ? Allez ! on en a encore dans les jambes et les bras pour … se mettre à l’abri pour les uns, et … aller surfer la vague pour Stéphane ! On cherche ensuite le camping à Loguivy qui est bien indiqué sur la carte mais invisible depuis l’eau. Heureusement un pêcheur à pied nous confirme son existence nous attendons donc la montée de la mer 20 mn. Le camping s’avère être une aire naturelle municipale avec emplacements libres et un bloc sanitaire. Suffisant pour notre confort …
Jour 7: Samedi, le Trieux
La nuit n’ayant pas été reposante pour tous en raison de voisins moins discrets que les berniques et les bigorneaux qui accompagnent les bivouacs isolés, le lendemain matin nous décidons de migrer vers une autre aire naturelle municipale dont l’agent de la mairie nous a vanté les mérites … dont le calme.
Départ de Loguivy vers 11h25 (PM 10) en direction du Trieux. Navigation de rochers en rochers en bac et remontée par les contre-courants. Là encore, l’expérience de l’eau vive et l’entraînement toute l’année sont bien utiles. Entrée dans le Trieux et remontée près de la rive par les contre-courants. Passage vers Koz Kastell, base des Glénans où notre second(e) a fait ses premières armes, puis vers l’école d’apprentissage maritime, en réfection complète. Après courte négociation (entre nous), nous décidons de déjeuner sur les pontons du port de Lézardrieux. Évidemment il aura fallu quelques acrobaties pour débarquer … et pour rembarquer ! Après une excellente salade de riz préparée par maître Jacques, une courte visite à terre, puis quelques facéties photographiques de notre jongleur préféré que nous garderons secrètes pour lui éviter un procès, nous repartons. Embarquement un peu acrobatique et départ en direction de la pointe de l’Arcouest pour le camping de Pors-Don. Au passage, nous récoltons quelques grosses huîtres sauvages sur les rochers. On devine la position du camping, mais la mer est trop basse pour débarquer. Certains décident de repartir naviguer un peu. D’autres restent se laisser porter par la marée dans les méandres de petits ruisseaux éphémères remplis par la marée. Au fur et à mesure que l’on se rapproche du rivage nous comprenons que l’aire de camping s’est transformée en campement de gens du voyage. Confirmation une fois à terre, où l’accueil ne nous parait pas suffisamment sympathique pour garantir une dernière nuit au calme. Les échos bruyants du camping dans la soirée confirmeront nos craintes. Les chants gitans à la nuit tombée c’est beau … mais nous voulions dormir tranquillement. Le bivouac sera donc finalement à proximité sur un terrain conseillé par un habitant du coin. Repas principalement d’huîtres pour les amateurs. Nuit pluvieuse, ça alimente un peu le blues de fin de séjour, il va falloir rentrer.
Jour 8 : Dimanche, fin de navigation
Réveil à 7h, nuit moyenne pour ceux qui avaient parié à tort sur une nuit sèche. Dernier petit déjeuner breton en plein air (beurre salé et bruine). Embarquement à 9h pour une courte navigation vers Paimpol. En chemin Jacques esquimaute bateau chargé. Arrivés à Paimpol, Nous laissons les kayaks sur le parking des Glénans. François et Sébastien partent rejoindre Guingamp en stop puis de Guingamp à Saint-Pol-de-Léon en co-voiturage. Jacques et Nicolas repartent naviguer 1h30 afin de profiter encore un peu … Laurence et Stéphane partent découvrir la ville à pied, et assister à la fête des islandais sur le port. Faute de circulation ce dimanche, Sébastien et François galèrent un peu pour le stop et devront faire la moitié du chemin vers Guingamp à pied ! Finalement à l’heure pour le rdv à la gare de Guimgamp, ils voyageront en compagnon d’un allemand saint-politain d’adoption à l’accent germano-finistérien qui connaît par coeur tous les virages menant à la maison familiale de François où nous récupérons le camion. Arrivée à Paimpol, compte tenu de la météo pluvieuse on décide de rouler la nuit sans s’arrêter dormir, alors on charge le camion et la remorque pour un retour à Lyon lundi au petit matin.
Mardi, Mercredi … retour au boulot !
Mercredi soir : rendez-vous au club pour rincer, dessaler et ranger le matériel. Le retour à l’eau douce va être difficile … mais les rivières suisses vont convaincre François, Stéphane et Nicolas que l’eau douce a aussi ses avantages !