Nous étions 9 ce jour-là : Nicolas (le gentil organisateur, et chauffeur), Elodie, Isabelle, Marlène, Nadine, David, Denis, Jacques (le second chauffeur) et Sylvain.
On se retrouve à 8h00 au club pour charger les bateaux et les équipements sur la remorque, laquelle sera tractée par Nicolas. L’échauffement débute au club en poussant le camion qui refuse obstinément de démarrer et qui coince la remorque dans le hangar. Malgré tout le chargement se fait rapidement et dans la bonne humeur. Trahi par une rupture d’élastique au 3° étage de la remorque, David nous gratifie d’une belle cascade débutant par un élégant salto arrière pour se terminer comme une crèpe qui a raté la poële…Passés quelques instants de stupeur et sans doute sauvé par un dos en acier forgé par une pratique assidue du kayak, il se relève précautionneusement et quasiment indemne si ce n’est quelques contusions dont on saura plus tard qu’elles seront sans conséquences mais qui lui valent une dispense immédiate de déchargement et de portages.
La trajet à deux voitures s’effectue sans problème et nous permet d’affiner le point de mise à l’eau qui sera finalement la plage de Conjux bien connue des pratiquants de la RhônOLac puisque c’est là que s’achève la première étape. La météo annoncée est médiocre et il fait donc… beau au moment de la mise à l’eau. Qui plus est, ce temps très agréable se maintiendra pendant toute la navigation mais à peine plus car nous auront tout juste le temps de recharger avant qu’une pluie battante nous accompagne sur le chemin du retour.


D’un commun accord nous suivons à distance la rive Ouest en direction de l’abbaye de Hautecombe. Le paysage est magnifique, les conditions sont idéales et nous profitons sans vergogne de la vue et du calme. Passée l’abbaye, nous faisons une petite pose dans une anse peu profonde et échangeons sur l’agrément de ce moment hors du temps. Nous poursuivons en effectuant quasiment une traversée du lac en diagonale pour se rapprocher de la berge Est en direction de Chindrieux, non sans chercher à localiser la plagette qui avait accueilli le concert nocturne dont nous fûmes gratifiés lors de la dernière RhônOlac.
A l’approche de la rive Nord nous cherchons un coin propice à l’abordage car la faim se fait déjà sentir. Passé les nombreux pontons plus ou moins délabrés mais dûment affichés comme privés, nous trouvons une plagette de galets qui se prête à l’accueil des kayaks et au déballage du pique-nique que l’on pourrait penser sommaire.

Contre toute attente, c’est un « top chef » improbable qui s’organise en quelques instants : crakers aux graines, quiche à l’ail des ours, cakes divers, pasteis de nata (petit flan portugais), moelleux au chocolat…Malgré l’inconfort des galets qui rudoient des postérieurs pourtant burinés par les sièges rudimentaires des kayaks, nous apprécions cette dégustation très (trop?) copieuse, non sans échanger nos recettes secrètes.
Nous rembarquons vers l’embouchure du canal de Savières qui relie le lac du Bourget au Rhône en longeant de belles roselières. La circulation sur le canal est plutôt fluide en ce début de printemps encore peu fréquenté par les touristes. Malgré tout, nous gardons l’oeil sur les quelques petits bateaux électriques pilotés plus ou moins sûrement par des navigateurs du dimanche peu aguerris dont l’attitude va de l’indifférence hautaine au salut amical et enjoué notamment des enfants. C’est avec la conviction d’avoir suscité quelques futures carrières de kayakistes que nous poursuivons une
navigation aisée, le courant est imperceptible, la température idéale et nous profitons du spectacle d’une végétation abondante et variées que nous côtoyons de près vu l’étroitesse du passage. Nous serrons à droite en particulier dans les virages sans visibilité car les vedettes à roue à aube, déjà présentes en ce début de printemps, imposent leur gabarit impressionnant vu de nos quelques centimètres de tirant d’air.
Soudain un cri : « ça sent l’ail des ours !», l’ingrédient indispensable à la quiche dégustée le midi même et dont les néophites découvrent l’abondance sur les berges du canal. Cette plante très commune même près du Grand Large, ne doit pas être confondue avec le muguet auquel elle ressemble et qui est toxique ! Prudemment nous déciderons de ne pas débarquer afin d’éviter la confrontation potentielle avec un plantigrade sourcilleux jalousant son pré-carré.

Plus loin nous faisons le spectacle en longeant les terrasses de café du charmant village de Chanz puis passant sous une petite arche fréquentée par des touristes en admiration et qui préfigure le Rialto que nous franchirons dans un mois pour la Vogalonga ! Au bout du canal c’est le Rhône qu’il est possible de rejoindre après un portage pour contourner le barrage mais nous choisissons plutôt d’explorer un petit canal de dérivation qui se termine par une écluse ouvrant sur le Rhône.

Le retour est à peine troublé par la route longeant le canal et fréquentée par des hordes de motards en mal de sensations aussi sonores que mécaniques tandis que nous rejoignons silencieusement Conjux propulsés par notre seule énergie. Le chargement est accéléré par une pluie imminente qui nous laisse tout juste de temps de sauter dans les voitures et c’est avec les premières gouttes sur les lunettes que Nicolas met le contact.
Malgré le retour un dimanche de fin de vacances, la circulation est plutôt fluide, sauf à l’approche du club, les marseillais ayant justement choisi ce jour pour défier l’Olympique lyonnais et nous devons utiliser les chemins de traverse pour nous faufiler vers le Grand Large. Sauvés par la carte de circulation de Jacques et notre imposante remorque à bateaux qui témoigne en notre faveur que nous ne cherchons pas à carotter un stationement gratuit proche du grand stade, les barrières tombent et nous parvenons au club. Le déchargement des kayaks et des équipements s’opère rapidement et dans la bonne humeur. Inspiré par la prestation matinale de David, un kayak des rangées supérieures saute sans attendre son tour. Heureusement personne n’était sur la trajectoire mais nous retiendrons la leçon…
Ainsi s’achève une belle journée de navigation de près de 20KM. Cette distance double le record de distance de la nouvelle pagaie « groënlandaise » fraîchement sortie des ateliers « François and Co »du présent rédacteur, sans pour autant malmener ses épaules justifiant si besoin était les deux samedis consacrés à sa fabrication au club.
Denis